Cousine de Guy Mazard

Le 26 mars 1962, en début d’après-midi, mon jeune cousin germain, Guy Mazard, passa me voir et insista pour que j’aille avec lui à la manifestation en faveur des habitants de Bab-El-Oued. Comme j’étais dans l’impossibilité de l’accompagner, il s’y rendit, avec son père, et laissa sa voiture rue Edgar Quinet, près de chez moi, car il craignait que les ‘forces de l’ordre” ne lui fassent subir des dégâts. Il ne pensait évidemment pas prendre lui-même des risques graves.

Dans la soirée, ma tante m’appela et je n’entendis qu’une phrase : “On m’a tué mon fils ! “.

Bien que nous ayons pu ramener le corps à son domicile, les obsèques de Guy se déroulèrent à la sauvette. Le chanoine Lecoq vint donner une bénédiction à la maison car on nous avait interdit l’église. Au cimetière un petit détachement de militaires bien indifférents à notre douleur nous surveillait. Un jeune officier se permit d’avertir : “Attention, pas de manifestations !”. Ulcéré, mon oncle répondit : “Foutez-moi la paix ! Laissez-moi enterrer mon fils… ou je vous mets dans le trou avec lui.”

 

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