PARIS 26 MARS 2023
HOMMAGE AUX VICTIMES TOMBEES RUE DISLY A ALGER LE 26 MARS 1962

En ce dimanche, en dépit de la dégradation du climat social et de la grève des transports, qui entravera le voyage de quelques-unes de nos Familles, nous avons pu constater la fidélité de l’attachement de nos nombreux amis et sympathisants.                   

Autre surprise agréable, la présence d’une gerbe présidentielle. Ce geste conforte la reconnaissance de ce “massacre impardonnable pour la République.”                                                                                                                                                                                                

Les deux Gardes nationaux et les jeunes membres de l’ONAC-VG sont en place devant le Mémorial National de la Guerre d’Algérie où défilent en permanence les noms des victimes du massacre du 26 Mars 1962 et des Disparus. Les Porte-drapeaux ont été installés par nos amis le Président des Parachutistes de l’Essonne M Boiry et le Président de l’ANFONAA M. Bellifa.     

A 14h25, les Autorités chargées des Rapatriés sont accueillies par Mme Ferrandis :

M Laurent, Directeur de cabinet au Secrétariat d’Etat et Mme Peaucelle-Delélis, Directrice générale de l’ONAC-VG.

 M J.P. Gouget, (ANFANOMA) notre Maître de cérémonie, salue l’assistance et invite la Présidente Mme Ferrandis à intervenir sous une averse, heureusement de courte durée.

Intervention de Nicole Ferrandis (extraits)

Il y a 61 ans de cela, à cette même heure, sous le ciel bleu d’Alger, les manifestants pacifiques avancent en cortège.

Ils veulent simplement montrer leur volonté de continuer à vivre sur cette terre qui est aussi la leur, cette terre sur laquelle flotte le   drapeau tricolore, leur drapeau !  Ils savent que les accords d’Evian signés 8 jours auparavant, le 18 mars, sonnent le glas de la présence française et de cela, ils ne veulent pas.  Ce Pays est l’œuvre de leurs aïeux. Y rester Français, quoi de plus naturel ?  Ils veulent aussi apporter soutien au quartier de Bab el Oued, bloqué depuis 3 jours, privé de tout … mitraillé …

Beaucoup y ont des parents, des amis, c’est un véritable élan de solidarité qui pousse les algérois dans les rues d’Alger, mais c’est aussi un cri de désespoir qu’ils lancent.  C’est pour exprimer tout cela que femmes, hommes, enfants manifestent ce lundi  26 mars 1962.   

Le rendez-vous est fixé à 15 heures dans le centre d’Alger. 

Les barrages les laissent passer, les canalisent vers le point de jonction naturel des cortèges, la Grande Poste et la rue d’Isly, où  ils se heurtent à un barrage tenu par des tirailleurs qui tentent d’interdire aux manifestants de continuer. 

Les Algérois parlementent, demandent l’ouverture, espèrent l’obtenir, tout est calme…. 

Et soudain brutalement un soldat ouvre le feu, sur les manifestants, suivi par d’autres. Dès la première rafale, les Algérois courent. Certains se jettent au sol, d’autres se recroquevillent derrière les colonnes de la grande poste, contre les façades des magasins ; d’autres se réfugient dans l’entrée d’un immeuble, s’y entassent, cherchent désespérément à se protéger…   En vain !  

…..    Personne ne sera épargné, deux femmes sont serrées l’une contre l’autre, une maman et sa jeune fille ; Jacqueline a 20 ans, elle sera tuée, tandis que sa mère sera très grièvement blessée.  

A quelques mètres, deux jeunes filles de 22 et 17 ans, blotties l’une contre l’autre,  l’ainée Renée sera tuée, sa jeune sœur grièvement blessée. 

 Plus loin Jeannine 41 ans git sur la chaussée, le soir 4 petites filles apprendront qu’elles ne reverront plus leur maman. 

Claude et Georges se jettent ensemble sur la chaussée. Georges sera abattu. 

Claude dira plus tard « Ainsi, mon père, qui souvent nous disait qu’à ses obsèques il aurait droit aux HONNEURS MILITAIRES, non seulement venait de mourir sous les balles françaises, mais encore cette même armée dans laquelle il avait tant investi de sa vie le privait de dignité dans ses obsèques. » Il était :             

 Officier supérieur de réserve de l’armée blindée-cavalerie,

Officier de la Légion d’Honneur,  

Officier du Mérite militaire,      

Croix de guerre 1939-1945,     

Croix de guerre des territoires d’Opérations extérieures.

Lors de cette tuerie beaucoup d’anciens combattants tomberont comme Georges : citons René, Philippe, Jean-Paul, Henri, André, Lucien, Elie, Domingo et encore Charles, ancien Para, grièvement blessé en 1959.  

  Ils auraient pu mourir hier face à l’ennemi, mais….  C’est rue d’Isly que le malheur les a frappés.

Il y a aussi Jean le médecin, Emile le pâtissier, Gilbert le professeur, Pauline la directrice d’école, Samuel le comptable, Tayeb le docker, Albert le retraité, Marcel le concierge…

49 vies seront fauchées, 49 civils seront officiellement identifiés, d’autre perdront la vie mais demeureront inconnus, plusieurs centaines seront blessés… Mais combien de vies détruites par ce drame ?

Dans les jours qui suivirent ce massacre, les familles ne purent veiller leur défunt, ni choisir le jour des obsèques. Impossible   de leur dire « A Dieu », de les embrasser une dernière fois. Ce qui se fait partout dans le monde depuis des millénaires est soudain interdit à Alger. 

 …..  Dans Alger, cette tuerie sonnera le signal de l’exode. Il faut fuir cette terre.  Comment rester alors que, depuis 8 ans, la population subit des attentats n’épargnant pas même les enfants ?                                                                                                           

Nous nous souvenons tous, pour l’algérois, de l’attentat du Milk bar, de ceux qui atteindront les brasseries et cafeteria de   l’Otomatic, du Coq hardi, dans les cinémas, des bombes dans les trolleybus, de celles du casino de la corniche, du stade d’El Biar, du stade municipal d’Alger, celles  dans la cathédrale, et dans l’église St Vincent de Paul.

 Demain qui nous protègera ?

Désormais les enlèvements se multiplient, enfants, jeunes filles, mères de familles, hommes jeunes ou vieux disparaissent. Les autorités refuseront d’intervenir pour tenter de les récupérer.
Il faut se résoudre à fuir, quitter cette terre sur laquelle les ancêtres ont fait souche.  En quelques semaines, plus une seule valise à la vente, les ballots sont bouclés à la hâte et les files d’attente s’allongent sur les quais ou près des aérogares, dans l’attente d’un bateau ou d’un avion pour abandonner le sol natal.  

… Les victimes de la rue d’Isly ont précédé dans la mort les harkis désarmés, livrés à l’ennemi, torturés et massacrés…               

Puis viendra le tour des Oranais, lors de la chasse à l’homme, le 5 juillet 1962.

En ce jour de recueillement, en ce haut lieu de la MEMOIRE, nous pensons à toutes les victimes civiles, militaires ou Harkies assassinées ou enlevées et disparues.

 ET NOUS LES ASSOCIONS A CETTE CEREMONIE D’HOMMAGE.

Puis, M Y. Sainsot lit le poème « 26 Mars 1962 » de Pierre Nicole.  Commencent à défiler sur la colonne centrale, les noms des Morts identifiés tombés le 26 Mars.

Les bouquets de fleurs sont  déposés au nom des membres des Familles des Victimes. Suivent les gerbes des associations « pieds-noirs » « harkis » et anciens combattants. Puis celle de l’Association des familles des victimes par Mme Ferrandis accompagnée de Mme Peaucelle-Delélis directrice générale de l’ONAC-VG).

 

 A lieu alors le dépôt de la gerbe du Secrétariat d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire par M Laurent Directeur de Cabinet, qui dépose ensuite la gerbe présidentielle qui lui est présentée par les deux Gardes républicains.

 A l’heure précise du déclenchement de la Fusillade, M Y. Sainsot (ANFANOMA) égrène la liste des Morts des Morts du 26 Mars officiellement identifiés.

 La sonnerie aux Morts retentit, suivie de la Minute de silence.                                                       

 Puis éclatent « La Marseillaise » et le « Chant des Africains », repris d’enthousiasme et en chœur par l’assistance.         

 La cérémonie se termine après que les Personnalités présentes aient salué les nombreux Porte-drapeaux, Parachutistes, Anciens combattants et les Familles de Victimes.

 Ce fut une grande, une belle cérémonie en hommage à nos chères Victimes …    

 Elles méritaient bien, en cet anniversaire combien douloureux, témoignages de respect et honneurs rendus, concrétisés par le dépôt des gerbes ministérielle et présidentielle.

 Notre association qui avait déjà (!) arraché ce lieu de recueillement prestigieux au cœur de la Capitale et obtenu enfin la reconnaissance du « massacre impardonnable pour la République », peut désormais consacrer ses ultimes efforts à la pérennisation de la mémoire due à nos Victimes, à la veille de la disparition inéluctable des derniers témoins directs de ce drame national inexpiable.

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Lecture de la liste des Victimes

Sonnerie aux Morts

La Marsellaise

Retrouvez l’intégralité du compte-rendu au format PDF ci-dessous

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